Miséricordes!!!
Je commence petit à petit à sortir de ma torpeur. Je commence à sentir mes pieds et mes mains. Je commence à sentir ma présence à me dire que je vis. Mais avec qui vis-je? le brouillard est si dense que je n'aperçois rien. Je crie, je me débats mais personne ne m'entend. Je discerne des silhouettes, et soudain j'ai conscience de pas qui se hatent. Des pas lourds, des pas d'homme. Il me suit.O mon Dieu il me suit! je cours, je cours et je cours; mais à chaque fois c'est un mur qui s'entrepose. Un mur humain qui me fait reculer et qui aide cette fatigue à me ronger, à me ronger toute entière, à me ronger les os et à m'aplatir. Je suis faible, je n'arrive plus à avancer. L'homme approche de plus en plus. La peur prend possession de mon corps et un étau se ferme sur ma poitrine. je suis seule, je n'ai personne, les mains approchent alors je ferme les yeux. Elles me paraissent si froides et si grandes qu'elles sont capables d'étouffer si facilment qu'on aurait même pas le temps d'émettre un son. Cependant je suis lasse, je n'ai plus envie de courir, ma course effrenée n'a servi a rien, le temps est venu pour moi d'abandonner, de laisser cours à mes hantises et de ne pas les combattre. J'ai été vaincue. Le destin s'est acharné sur moi et l'homme l'a beaucoup aidé. Les mains approchent toujours. Un instant d'hésitation, et oh combien il me parait long! Cela n'a duré que quelques instants, mais j'ai eu l'impression que cela a duré toute une vie, une éternité! Si seulement il pouvait recommencer! Or les mains terminent ce qu'elle avait commencé. Maintenant elles approchent tout doucement. Vont-elles me relever ou m'étouffer comme je le prévoyais? J'attends de le savoir avec impatience et douleur. Une torture douce au gout amère.